Paul. Cette question, n'en est pas vraiment une. Juste, j'ai besoin de mot. Alors, réponds y, dès que tu le veux. Mais par pitié, du moment qu'tu m'fasse voler..
"Allez, viens loulou. Non, pas pour m'faire un câlin, j'sais qu't'aimes pas ça. Tais-toi, viens j'te dis. Allonge toi là. Tu vois les étoiles? Ok, bon alors écoute, j'vais jouer pour toi ce soir. Rien que pour toi. J'te l'avais promis. J'ai déjà brisé une promesse ce soir, j'vais pas recommencer encore.
J'vais poser mes doigts sur le clavier, j'vais pianoter. Mal, surement, j'sais pas bien jouer quand je suis devant quelqu'un. Ta part du boulot, c'est d'rêver, ok? Tu mets tes propres mots sur le morceau. Je joue, et toi tu t'envoles, comme ça j'parais moins nul. T'es prêt?"
La lune est haute, le ciel, noir d'encre. La chaleur de la journée d'été flotte encore dans l'air. Mes pieds nus foulent l'herbe de la prairie. Il est quelque part, je le sais, il m'attend! Et moi je vais le rejoindre. Mais je dois le trouver, alors je le cherche. Je sens son odeur, je la reconnaitrai entre toutes celles que l'on trouve sur Terre. Toutes ces années à l'attendre, le voilà enfin. Il est assis, sur un rocher qui parait gris dans la lumière du clair de lune. Je tremble.
Son dos nu s'offre à mes yeux. Assis, les jambes croisées, immobile et patient. Je marche vers lui. Les quelques mètres de végétaux qui nous séparent semblent être des années lumières. Une légère brise me pousse vers lui. Une éternité plus tard, je me tiens debout derrière lui. Mais je n'avance plus. J'ai trop peur qu'il ne soit qu'un rêve, un putain de mirage créé par mon cerveau, une image qui volera en éclat au premier contact. Parce-qu'il n'existe pas, si? Mais pourtant... n'est-il pas devant moi? Faut qu'je tente ma chance. J'ai plus rien à perdre. Ma main se lève et se pose sur son épaule. Elle est chaude, elle est douce, en chair.
Lentement, lentement, il tourne sa tête. Je vois d'abord son oreille, parfaite. Puis son œil, parfait. Son nez, sa bouche, son visage tout entier, expression de la perfection sur terre. Il n'a pas changé, pas vieilli, et pourtant les années ont passé. Toujours le même regard qui me bouleverse, qui mélange tous les composants de mon corps, qui gonfle mon cœur. La lune se reflète dans ses yeux profonds.
Je ne peux me décrocher. Je fixe son visage. Ile me sourie et se lève, me dominant de quelques dizaines de centimètres du haut de son promontoire.
Il me tend sa belle main, sans dire mot. Je la prends, il me hisse sur son rocher, colle son corps contre le mien. Il tient mes mains, une dans chacune des siennes. Il prend ma main gauche et le pose sur sa hanche, et pause sa main droite sur mon épaule.
Et c'est là que je l'entends. C'est elle qui m'a guidé là, sans même que je m'en rende compte. La musique, sa musique, ma musique, notre musique. Je pleure.
Merde alors, des années que je l'attends, et voilà que je pleure. C'est con quand même. Il rigole, dénude ses dents, si blanche dans la lumière de la lune.
La musique vole à présent partout dans la prairie, forte, puissante comme la vie. Il fait un pas, deux pas. Un, deux, troix. Un, deux, trois. Et nous valsons.
J'vais poser mes doigts sur le clavier, j'vais pianoter. Mal, surement, j'sais pas bien jouer quand je suis devant quelqu'un. Ta part du boulot, c'est d'rêver, ok? Tu mets tes propres mots sur le morceau. Je joue, et toi tu t'envoles, comme ça j'parais moins nul. T'es prêt?"
La lune est haute, le ciel, noir d'encre. La chaleur de la journée d'été flotte encore dans l'air. Mes pieds nus foulent l'herbe de la prairie. Il est quelque part, je le sais, il m'attend! Et moi je vais le rejoindre. Mais je dois le trouver, alors je le cherche. Je sens son odeur, je la reconnaitrai entre toutes celles que l'on trouve sur Terre. Toutes ces années à l'attendre, le voilà enfin. Il est assis, sur un rocher qui parait gris dans la lumière du clair de lune. Je tremble.
Son dos nu s'offre à mes yeux. Assis, les jambes croisées, immobile et patient. Je marche vers lui. Les quelques mètres de végétaux qui nous séparent semblent être des années lumières. Une légère brise me pousse vers lui. Une éternité plus tard, je me tiens debout derrière lui. Mais je n'avance plus. J'ai trop peur qu'il ne soit qu'un rêve, un putain de mirage créé par mon cerveau, une image qui volera en éclat au premier contact. Parce-qu'il n'existe pas, si? Mais pourtant... n'est-il pas devant moi? Faut qu'je tente ma chance. J'ai plus rien à perdre. Ma main se lève et se pose sur son épaule. Elle est chaude, elle est douce, en chair.
Lentement, lentement, il tourne sa tête. Je vois d'abord son oreille, parfaite. Puis son œil, parfait. Son nez, sa bouche, son visage tout entier, expression de la perfection sur terre. Il n'a pas changé, pas vieilli, et pourtant les années ont passé. Toujours le même regard qui me bouleverse, qui mélange tous les composants de mon corps, qui gonfle mon cœur. La lune se reflète dans ses yeux profonds.
Je ne peux me décrocher. Je fixe son visage. Ile me sourie et se lève, me dominant de quelques dizaines de centimètres du haut de son promontoire.
Il me tend sa belle main, sans dire mot. Je la prends, il me hisse sur son rocher, colle son corps contre le mien. Il tient mes mains, une dans chacune des siennes. Il prend ma main gauche et le pose sur sa hanche, et pause sa main droite sur mon épaule.
Et c'est là que je l'entends. C'est elle qui m'a guidé là, sans même que je m'en rende compte. La musique, sa musique, ma musique, notre musique. Je pleure.
Merde alors, des années que je l'attends, et voilà que je pleure. C'est con quand même. Il rigole, dénude ses dents, si blanche dans la lumière de la lune.
La musique vole à présent partout dans la prairie, forte, puissante comme la vie. Il fait un pas, deux pas. Un, deux, troix. Un, deux, trois. Et nous valsons.