On dit quelquefois que l'amour ne peut durer, qu'il finit avec la jeunesse. Il serait mieux de dire qu'il se transforme. L'habitude détruit les enchantements et la poésie des premiers jours, mais elle crée à la place un lien plus grave et plus profond, qui s'accroît chaque jour de tout le bonheur qu'on a goûté et de tout le malheur qu'on a supporté ensemble. Le charme si puissant des souvenirs s'accroît dans cette double vie, où chacun hérite de tous les sentiments qu'il a partagés, et met en commun avec son ami son passé, son présent, son avenir.François-Jules Suisse, dit Jules SimonLe Devoir (1854) de François-Jule