J'étais devenue morte.
Je n'existais plus, ne ressentais plus, j'étais comme l'ombre de moi même, complètement apathique. Une poupée de chiffon qu'on pouvait torturer à sa guise car plus de force pour se défendre.
Mon cerveau était branché sur pilote automatique. Je ne pensais même plus. C'est tellement traumatisant de ne plus appartenir à son corps, à la réalité.
Tout était flou autour de moi, pâle. Un sentiment d'étrangeté qui a duré des mois et des mois. Il n'y avait plus de temps ni d'espace.
Juste, cette vision de moi même, hors de moi, hors de la vie.
Le son était comme du coton, ou alors juste le bourdonnement d'un acouphène qui me suivait et ne me laissait pas de répit.
Tes hurlements, ils ne me transperçaient même plus, ils coulaient juste sur moi. Je n'avais même plus mal, même plus peur. J'attendais toujours. "ça va passer, ça va s'arrêter". Ton visage contre le mien, la violence des mots et les cris toujours les cris. Et puis tes dents qui brillaient dans le noir et qui se serraient, la rage qui te transformait en monstre.
Je te voyais, en arrière plan t'agiter dans tout les sens, j'attendais que plus rien ne bouge pour me dire "ça y est c'est finit". Mais ce n'était jamais finit. Il y avait le silence écrasant. Tes yeux noirs comme l'abysse qui me soumettaient.
Je voulait hurler à l'aide mais il n'y avait plus que toi et moi. J'étais seule.
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