Juge, regarde, dévisage, moque toi, humilie, fait souffrir. C'est bien, t'as tout compris. C'est comme ça qu'on fait pour s’intégrer dans la société, félicitation. Mais à quel prix ? J'suis à la recherche de l’humanité étouffée par l'avarice sociale.
Franchement, tu me fais pitié. Là, assis en tailleur sur ton lit, à ressasser ces souvenirs. Amoureux t'étais. Vidé tu t'es retrouvé. Incompris, t'as au l'impression que ton monde tournait pas rond, que t'étais paumé. En vrai, la seule chose qui va pas dans l'affaire c'est toi, toi qui reste bloqué et qui arrive pas à avancer. Neurones en perdition, demi sourire de con, et Lana Del Rey qui passe en boucle sur ta bande son. Toujours à graver ces initiales dans tes textes, sos incompréhensible, t'étonnes pas que personne ne vienne à ton secours.
C'est fou. Cette impression d'avoir vécu tant de chose, traversé tant d'épreuves, surmonté tant de désillusions. Cette impression d'avoir pourtant fait du surplace, de pas avoir bougé d'un pouce, de stagner. Ça doit être des sables mouvants j'pense. J'magite, je m'imagine avancer, au final je fais que m'enfoncer.
Il l'aimait avec pudeur ; à l'écart. Comme pour ne pas le gêner avec ses sentiments pourtant si forts. Mais le soir, dans ses rêves, sa pudeur se changeait en une ardeur bestiale, dévorant chaque parcelle de sa chair, chaque grain de peau qui passait à proximité de ses lèvres. Vous pourriez le croire fou ; il n'était qu’amoureux.
"- Comment on peut se remettre d'un choc émotionnel ? - Comment tu peux te remettre de la mort d'une personne qui t'es chère ? - Mais c'est moi qui t'ai posé une question ! On répond par aux questions par une autre question. - Je sais. mais réponds. - Hum. C'est impossible. Si on aimait la personne, on peut pas oublier sa mort. - Et bien tu viens de répondre à ta propre question."
"- Apprends moi à aimer quelqu’un. S'il te plait. Juste une fois. Pour découvrir ce que ça fait. D’être aimé. D'aimer. -Tais toi. C'est pas possible ce que tu demandes Quentin. - Mais.... Pourquoi ? - Parce qu'avant de pouvoir aimer quelqu’un, faut s'aimer soi même. Tu comprends ça ? Soi même."
Acceptation (n.f.): Processus semi-conscient pouvant se décomposer en deux phases. La première, extérieure, consiste à être accepté pour ce que l'on est, dans un monde ou le marginal a de moins en moins sa place, et où l'être humain est constamment jugé pour ses choix ; aussi intimes soient ils. La deuxième consiste à trouver qui l'on est. Plonger à l'intérieur des ses entrailles, de son cortex. Lutter contre soi même, contre nos aspects qu'on exècre, redécouvrir ce que l'on aime, ce qui nous manque, ce qui nous anime. Rejouer l'Odyssée d'Ulysse dans notre propre corps. Renaitre de nos propres cendres. Ambitieux pari.
"Reste toi même, c'est comme ça que tu lui plaira."Mais ça rime à rien dis comme ça, j'sais même pas qui je suis vraiment au plus profond de moi. A quoi je ressemble, ce que j'aime, ce que je veux, ce que je suis capable de faire, ce que je vaux, ce dont j'ai peur. Comment tu veux plaire à quelqu'un si tu te plais pas à toi même déjà ?
Bordel. Est ce qu'on pourrait juste s'aimer les uns les autres. Arrêter d'avoir peur de ce que l'on ne comprends pas. Rester humain en quelque sorte. Juste ça.
"- Moi ? Haha non, jamais de la vie je pourrais avoir un garçon dans mon lit. C'est trop bizarre. Enfin je pourrais pas. "Et toi qui croyais avoir l'habitude de te faire inciser le cœur avec des mots, faut croire qu'il restait un petit coin dénué de cicatrices sur ta peau. Éclate toi contre le mur. Fracasse ton armature.
"-Bonsoir, je m’appelle Solitude. On s'est matché sur tinder ya quelques jours, et j't'ai trouvé vraiment canon avec tes petits yeux bleus cernés par la Fatigue. C'est une amie à moi tu sais. D'ailleurs en parlant de ça, j'ai vu qu'on avait pas mal d'amis en communs. Peur, Malheur, Chagrin, Incertain, Dépression, Dévalorisation, Mélancolie, Folie... La liste est longue, mais je crois que tu les connais mieux que moi. Du coup je t'écris ce message pour te dire que j'aimerai bien qu'on se rencontre, toi et moi, ce soir, en ce 14 février. J’espère que t'es pas déjà pris par Bonheur ou Amour. Mais d'après ce qu'on m'a dit, ces deux là ne t'aiment pas beaucoup. Alors je tente le coup. Voudrais tu me retrouver, dans le cimetière de tes amours passés, à côté du dépotoir de tes rêves brisés ? Je comprendrais que tu refuses, que tu ais peur de te retrouver en tête à tête avec moi. Mais ne t'inquiète pas, je ne viendrais pas seule. J’amènerai l'Amertume, drapée dans sa cape de sanglots. Et le Désespoir, tout apprêté dans sa tenue noire, noire comme les pensées qui sillonnent ton cerveau ce soir. Je sais que tu viendras Quentin. Je t'attendrais. Amène avec toi ton ami, Espoir. Je me ferai un plaisir d'éteindre sa flamme à tout jamais. Tu seras bien mieux avec moi."
"Ma petite couturière, elle est pas haute couture, mais faut voir quand elle coud, des ourlets à mon cœur. Ma petite couturière, elle connaît les mesures, de mon cœur éperdu, là dans la fourmilière."
Et moi j'te regarde t'éloigner, comme un con. J'ai même pas la force de te retenir, de faire vibrer mes putains de cordes vocales pour prononcer ton nom. Nan, ya juste c'te pluie qui me tombe des yeux, et puis ton t-shirt bleu qui s'efface, peu a peu. Personne fait attention à moi. Normal tu me dira, les cœurs brisés le long des trottoirs y en a tellement. Et puis c'est 5h alors penses tu, les gens, ils dorment à c'te heure la... J'crois que j'ai mal au cœur. J'crois que je vais rester là, sur ce trottoir, assis, en pleurs, à attendre les éboueurs.